Vivre, la confession d’un robot
Au moment où un concert de louanges unanimes célèbre en Occident les “réformes” de la société soviétique, Alexandre Zinoviev jette un véritable pavé dans la mare de la perestroïka.
Roman à la fois sociologique et philosophique,Vivre est une analyse implacable de la vie en Union soviétique, qui met à nu la situation bloquée où elle se trouve. L’auteur nous donne une peinture cruelle de l’immobilisme d’une ville de province figée, pour l’éternité semble-t-il, dans des rapports humains immuables et des privilèges héréditaires. Ingénieur dans un combinat de fabrication de prothèses, le personnage central, le Robot, est lui-même cul-de-jatte de naissance. Son état l’incitant à aller toujours à l’essentiel, il jette un regard cynique et froid sur ses contemporains, chacun d’eux prenant la parole pour exprimer son point de vue. C’est la réalité de la vie russe profonde qui est ici présente, dans sa dureté insupportable, sa mélancolie, sa fange quotidienne, bine loin des vitrines idéologiques moscovites. Rien à voir avec l’avenir radieux promis par la propagande officielle, nous nous retrouvons là dans le pessimisme le plus radical qui soit. Et pourtant il faut vivre, vivre, vivre seulement, vivre et rien d’autre, même comme un ver de terre dans une décharge publique, car il n’y a pas d’autre solution.