Rousslan et Ludmilla
L’action de Rousslan et Ludmilla se déroule dans un cadre historique bien réel, autour de l’an 1000. Le Grand-Duc de Kiev, Vladimir-Soleil marie sa fille Ludmilla au chevalier Rousslan. Foule joyeuse, attitude haineuse des prétendants éconduits. Les jeunes mariés se retirent dans leurs appartements quand soudain c’est la catastrophe : au moment-même où le mariage va être consommé, Ludmilla est enlevée par une force invisible. Dès lors, les événements se précipitent et l’imagination va bon train, le tout se déroulant comme sous nos yeux tant ce texte musical est visuel.
Roman d’amour? Chanson de geste? Fantasmagorie? Qu’importe : Rousslan et ses rivaux se lancent à la recherche de la belle. Leur chevauchée à travers des paysages étranges et familiers mènera le seul Rousslan jusqu’au repère du sorcier Tchernomor, un nain sénile qui retient captive Ludmilla. C’est au cours de cette chevauchée rêveuse que se rencontrent tous les protagonistes du drame dont le sage Finnois qui veille sur Rousslan, le jeune et beau khan khazare, Ratmir, le rival assagi, la Tête monstrueuse transformée en roc, la belle Naïna devenue une sorcière lubrique.
Dans les scènes de batailles qui jalonnent ce récit se retrouvent des traces de vieilles chroniques mais aussi des événements qui relèvent de l’histoire de la Russie, comme l’investissement de Kiev par les nomades Pétchénègues. Tout au long, le jeune auteur mêle, en grande liberté, les éléments d’une réalité ancienne à ceux puisés dans les mythes russes, nordiques ou gaéliques et aussi ceux de la tradition orale, berçants et terrifiants, entendus dans l’enfance de la bouche de sa nourrice.
Il y a dans tout cela la fraîcheur du jeune âge, l’amour des mots et des sons, la soif de vivre et aussi un aspect ludique qui vient recouvrir, comme d’un voile léger, le désespoir face à l’inéluctable fin du destin.