Poèmes
Fiodor Tiouttchev (1803-1873) est un des plus grands poètes russes du XIXe siècle, que le public français connaît mal, car il existe peu de traductions de son œuvre : quelques poèmes ici et là dans des anthologies, deux recueils dont l’un est épuisé (à la Librairie du Globe) et l’autre difficilement disponible (à l’Âge d’Homme).
Or sa gloire n’a cessé de grandir en Russie, car il a été davantage apprécié au XXe siècle que de son temps. Les plus grands noms de la littérature russe lui ont rendu hommage, depuis Pouchkine, Tolstoï, Tourgueniev et Dostoïevski, jusqu’aux symbolistes et autres poètes comme par exemple Akhmatova.
Dans des vers d’une pureté cristalline, il manifeste une extrême sensibilité aux zones d’ombre cachées en nous, et une perception presque orientale de l’unité entre l’homme et le monde
Certains de ses vers sont si parfaits et si justes qu’ils sont devenus proverbiaux.
Voici à titre d’exemple un de ses plus beaux poèmes:
Larmes humaines, ö larmes des hommes,
Vous coulez au matin et au soir de la vie,
Vous coulez inconnues, vous coulez innombrables,
Vous coulez invisibles et intarissables,
Vous coulez comme coulent les ruisseaux de pluie,
Dans la profonde nuit, à la fin de l’automne.