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À Troïtsk, ville dortoir située à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Moscou, c’est la Fête du travail.
On récompense les représentants d’une dynastie ouvrière qui, de leurs forces conjuguées, ont oeuvré dans la même entreprise pendant 167 ans. Une autre est à l’honneur pour y avoir globalement passé plus de 400 ans…
Puis le programme culturel reprend : quatre jeunes filles outrageusement peinturlurées apparaissent sur la scène. Elles portent des robes provocantes et indécentes, et dansent en se trémoussant de façon suggestive et en chantant une chanson d’amour…
Elles sont longuement applaudies, le public leur fait pratiquement une ovation.
La prestation lui a, de toute évidence, beaucoup plu, et un vétéran du travail en a même la larme à l’oeil. Les ouvriers de Troïtsk ont eu un bon moment, ils ont passé une belle journée. La tradition de cette fête sera maintenue…
Né et habitant Moscou, Dmitri Danilov connaît bien les quartiers périphériques avec leurs barres d’immeuble toutes semblables dispersées dans le paysage. Par ailleurs, ayant longtemps travaillé comme journaliste dans des journaux coopératifs, il a souvent dû se rendre en reportage dans différents coins de la province.
Il a pu ainsi observer de près la misère urbaine actuelle qui enferme chacun dans des occupations répétitives et dérisoires, d’une désespérance telle que l’on ne se révolte plus, acceptant les choses comme allant de soi.
Et c’est l’horreur de cette vie des quartiers à la fois surpeuplés et isolés, russes certes, mais pas seulement, qu’il nous fait percevoir avec intensité dans des nouvelles au style incisif, d’autant plus dures qu’elles sont d’une grande sobriété.
Dmitri Danilov est ici traduit pour la première fois en français.