Jour après jour, la semaine qui a suivi l’abdication de nicolas ii : du vendredi 16 au jeudi 22 mars. Après nicolas, son frère michel, qu’il avait désigné pour lui succéder, abdique à son tour. la forme du gouvernement de la russie devra être fixée par une assemblée constituante. La dynastie est tombée ! les libéraux jubilent et célèbrent la » grande révolution non sanglante « . mais déjà, le soviet des députés ouvriers paralyse le gouvernement provisoire, tandis qu’une violence aveugle, incontrôlable, se déchaîne ici et là. » d’où vient tant de haine ? » ceux qui aimaient le peuple et lui faisaient confiance ne le reconnaissent plus. des forces obscures ont été libérées, tout obstacle devant elles est dérisoire, où s’arrêtera-t-on ? Au front, l’armée tient encore debout. les officiers accueillent avec colère, accablement ou espoir les réformés désordonnés venant de pétrograd. les soldats, d’abord déconcertés, sentent se desserrer l’étau de la guerre et monter en eux, de plus en plus fort, l’appel de la terre et de leur famille. Un pays engagé dans un conflit mondial peut-il se permettre une révolution ? Les élans d’enthousiasme et les bouffées d’angoisse, le froid calcul et la folle audace instinctive sont incarnés dans des personnages vibrants, dont chacun porte un monde d’idées et de sentiments. ainsi voyons-nous, d’un chapitre à l’autre, le même événement avec des yeux et un coeur différents, et la révolution nous apparaît avec sa chaire vivante, telle qu’aucune analyse ne la montre jamais. Le tissu serré de l’oeuvre combine le récit, tantôt précipité et tantôt quasi immobile, avec des scènes de rue, des collages de presse et de petits scénarios où éclate le don visionnaire de l’auteur.