Ma province
Maxime Ossipov – médecin cardiologue et écrivain – est issu d’une famille d’intellectuels. Après un voyage d’étude d’un an aux États-Unis, il préfère quitter Moscou pour s’établir à Taroussa, une ville située à cent kilomètres de la capitale.
Le choc avec la réalité quotidienne dans l’exercice de son métier l’amène à écrire le premier récit de cet ouvrage. Il y fait une description sans concession de l’état de la société et des hôpitaux, et surtout de la misère mentale de tous les laissés-pour-compte de la Russie provinciale de l’après-perestroïka. Il rapporte aussi, sous le mode comico-épique, ses démêlés avec les autorités en place qui aboutissent à un scandale national.
Ce regard lucide et parfois cruel ne va pas sans une certaine compassion, voire une tendresse à l’égard des personnages de La Rencontre, le second récit du recueil, œuvre de fiction où les mêmes événements sont vus à travers le prisme de trois vies différentes. Malgré la violence et les difficultés, des rencontres improbables restent encore possibles – entre peuple et intelligentsia, croyants et athées, juifs et orthodoxes, alcooliques paumés et hommes d’action responsables…
Dans ce livre si attachant et sensible, un féroce refus de l’impuissance se manifeste à travers ce qu’Ossipov désigne comme le temps réel, celui du moment opportun qu’il faut savoir saisir, celui de l’intant présent, imparfait et incertain, mais qui seul est à même d’accomplir ce que d’autres appellent des miracles.
Ce livre a bénéficié d’une bourse Transcript (dispositif d’aide à la traduction de la littérature russe) accordée par la Fondation Mikhail Prokhorov.