Le Géographe a bu son globe
Dans la province russe des années 1990, un jeune enseignant est aux prises avec les garnements de la nouvelle génération. On lui a refilé la classe la plus rebelle. Mais le «Géographe» et les ados qui sont prêts à le démolir vont vivre d’abord entre les murs de la classe, puis hors les murs, une aventure de compagnonnage et d’initiation à la vie. La géographie enseignée tant bien que mal, puis vécue dans une sorte de raid sur des radeaux primitifs dans l’enchevêtrement aqueux de cette partie de la taïga, sert de fil conducteur et poétique au roman. Gouailleur, tendre, velléitaire, Viktor Sergueïévitch est un raté et un coureur au charme irrésistible.
Roman d’apprentissage et nouveau «poème pédagogique», le Géographe a fait connaître Alexeï Ivanov, ancien prof, toujours fidèle à sa ville de Perm, dans l’Oural. Toute sa génération de trentenaires russes ayant vécu la moitié de leur vie après le communisme, ayant surmonté la dérive sociale du pays, s’est reconnue dans ce roman. Ivanov est aussi un poète de l’immensité, de la taïga, des parlers dialectaux venus de l’époque du grand rebelle cosaque qui fit flamber la révolte dans cette contrée au temps de Catherine la Grande.