L’Année de la comète
Si l’on retrouve dans ce roman un procédé cher à Lebedev, l’enquête, c’est surtout la chronique familiale qui est au centre du récit. L’apparition de la comète, qui invite le narrateur à interroger la vie de ses proches, est vue surtout à travers l’histoire de la grand-mère Tania qui en a été le témoin dans son enfance.
La grande histoire ne se laisse approcher que par l’écriture et ne montre jamais sa face monumentale. Au travers de l’intime et de l’infime – maison, école, datcha – se dessinent cependant les vecteurs essentiels qui ont orienté la vie quotidienne et intérieure des Soviétiques pendant la période de transition.
Lebedev a cherché à donner place au vacillement identitaire de toute une génération – la sienne – et à comprendre les mécanismes des mutations qui ont accompagné son entrée dans la vie consciente, mais aussi les pièges politiques qui guettaient la Russie à ce moment-là. Pressentant que le réel possède un double fond, le narrateur se livre à une exploration des replis de l’existence qui, après l’avoir conduit au bord du danger extrême, lui livrera les clés pour comprendre son destin et sa propre personne.