Des chaussures pleines de vodka chaude
Onze nouvelles qui passent sans crier gare du comique au tragique où Zakhar Prilepine, à sa façon – brutale et somptueuse –, parle des femmes, des “potes”, de l’amour, de l’amitié, de la trahison, de la guerre, de comment on devient un homme, de la campagne russe qui se meurt…
Les héros de ces histoires de voitures déglinguées, de chien qu’on s’apprête à manger bravement, de filles délurées, de patrouilles en Tchétchénie, de chaussures trop étroites… sont des jeunes gens “paumés” dans la nouvelle Russie.
“Attablés ou non devant un verre, on se parlait avec cette bonté tendre, cette attention affectueuse qu’on ne rencontre que quand on est gosses, lorsque, âgés d’une douzaine d’années, après une bonne partie de pêche, une belle averse généreuse dont on avait essayé de se protéger sous des buissons peu efficaces qui nous égratignaient, on marchait en compagnie d’un copain complètement oublié depuis, à travers une prairie d’une beauté insoutenable, et que l’immense joie du monde nous avait, pour la dernière fois peut-être, rendus bons, honnêtes, joyeux, et pas du tout, mais alors pas du tout adultes.
” Il y a un ton “Prilepine”, à coup sûr celui d’un grand écrivain.