Dans le passage un pope
« Pour traverser la large avenue mais pas seulement. Trois escaliers, trois descentes pentues grossièrement bitumées y plongent, ou, c’est selon, débouchent sur les trottoirs de deux rues plus modestes et sur ceux du boulevard, sur la place aussi, en tout six voies d’accès, on emprunte avant tout les deux bouches principales, celle de la place, celle du boulevard, de l’une à l’autre et de l’autre à l’une le passage comme un tube. Un boyau. Pour traverser la large avenue essentiellement. »
Ce texte de L. N. Petrov, imprégné d’une certaine tradition littéraire russe, s’aventure du côté du roman noir tout en relevant d’un genre singulier, le documentaire métaphysique. Documentaire parce qu’à travers le passage et ses usagers il a pour cadre la société moscovite de la transition.
Métaphysique pour ce pope omniprésent, néanmoins fuyant dans un ici mâtiné d’ailleurs, un passage lieu de l’absence et de la quête.
Flaubert voulait faire un livre sur rien, Petrov s’y risque à sa manière.