Correspondance entre Romain Rolland et Maxime Gorki (1916-1936), cahier n° 28
Au cours d’un siècle tragique qui voit naître les affrontements et les bouleversements de la Première Guerre mondiale et de la Révolution d’octobre, deux écrivains, engagés tous deux dans le camp socialiste, cherchent en tâtonnant les voies de l’avenir. Ils s’épaulent, se contrarient, s’accordent enfin dans l’action au moment même où ils sont au bord de la brouille, émus l’un et l’autre par l’essor de la jeune république soviétique qui se dégage de la guerre civile, et tourmentés de son avenir.
Autour de Romain Rolland et Maxime Gorki, c’est toute la vie intellectuelle de l’Europe entre les deux guerres ses fourvoiements et ses illusions, mais aussi sa clairvoyance et sa générosité qui apparaît dans ses relations avec le fait révolutionnaire.
Mais au-delà du document historique de premier ordre, cette correspondance témoigne aussi d’une amitié singulière, nourrie de confidences personnelles, des peurs et des espérances face au bouleversement du monde, des réflexions nées des œuvres en gestation, des passions intellectuelles partagées et de l’imagination romanesque qui construit la figure du correspondant comme elle le ferait d’un personnage littéraire : pour chacun, l’homme de lettres, le penseur politique, le militant ne sont plus que les facettes d’une même personnalité, celle de l’homme au naturel, dans sa complexité vivante.