Correspondance avec Alexandre Soljenitsyne et Nadejda Mandelstam
Rendu à la liberté en 51 après avoir traversé l’expérience des camps les plus durs du stalinisme (notamment les terribles mines d’or de la Kolyma), Chalamov entreprend avec une ardeur farouche de renouer – à travers son œuvre mais aussi grâce à une foisonnante correspondance – les liens rompus avec la vie et la création.
L’interlocuteur privilégié est d’abord Alexandre Soljenitsyne. Chalamov confronte, avec celui qui fut le premier à défier aux yeux du monde le système communiste, sa vision de l’internement concentrationnaire. Il rend hommage à Une journée d’Ivan Denissovitch qui vient de paraître, mais il n’en dispute pas moins avec son auteur de tous les détails qui font la force, la vérité du témoignage et la nouveauté d’une écriture.
Jugeant cette terrible traversée comme un temps absolument funeste, il définit ce que signifie dès lors à ses yeux écrire sur les camps et fait ainsi apparaître, entre lui et le grand prophète slavophile, une fracture qui est encore aujourd’hui au cœur d’une vive polémique.
Par ailleurs, Chalamov exprime son enthousiasme à Nadejda Mandelstam (la compagne fidèle du grand poète du même nom) pour son livre Contre tout espoir, large fresque parcourant le monde artistique du XXe siècle russe. Ainsi naît une grande amitié dont témoignent ces échanges épistolaires. Quelques lettres à des amis du camp viennent compléter le volume.