Correspondance
« La correspondance de Flaubert est, d’un avis presque unanime, l’une des plus belles de notre littérature. Elle représente d’abord un document de tout premier ordre sur la France, surtout bourgeoise, du XIXe siècle. Le Journal des frères Goncourt est limité, en fait, à la vie littéraire et artistique de leur temps ; les nombreux Mémoires ou Souvenirs ont été écrits en vue d’une publication éventuelle et façonnés pour servir le point de vue de leur auteur. Au contraire, dans la Correspondance, Flaubert aborde tous les sujets d’actualité, à mesure qu’ils se présentent, et sans autre souci que celui de dire ce qu’il pense et de ne pas choquer ou rebuter son correspondant : religion, politique, mœurs et coutumes de tous ordres. Dans tous ces domaines, la position de Flaubert est assez complexe : ce bourgeois qui a si sévèrement jugé les bourgeois a très sérieusement étudié son temps, et son témoignage est souvent clairvoyant. Quant à la vie intellectuelle de son époque, Flaubert est bien plus curieux, plus ouvert que ses “bichons”. Il a beaucoup lu, et de tout, pour son œuvre et par goût : philosophie, ouvrages scientifiques, surtout en médecine et en biologie, histoire ancienne et moderne, littérature et critique d’art. […]Document sur son temps, riche de jugements personnels et souvent profonds sur les penseurs et les artistes du passé et du présent, la correspondance de Flaubert est surtout une “voie royale” pour pénétrer sa personnalité et comprendre son ouvre. » Jean Bruneau.