Est-ce que les arbres peuvent être ensemble ?
Une vie courte brusquement arrêtée, une archive poétique inédite préservée par chance, de justesse, Nikolaï Prorokov (1945-1972), ce Rimbaud russe, est le poète le plus mystérieux de l’underground moscovite des années 1960. Il ne fait partie d’aucun groupement, ne s’identifie à aucun nous officiel ou dissident ; pas une ligne de lui n’est publiée de son vivant. Ce n’est qu’à partir de 2016 que ses poèmes paraissent, petit à petit, à Tel-Aviv, à Moscou, à Paris. Ils sont immédiatement lus, vivement appréciés : l’heure de cette poésie est enfin venue. D’une poésie qui nourrit l’âme d’images fulgurantes venues d’ailleurs. Ici nous offrons au public la première édition bilingue d’un choix de plus de 70 poèmes de Nikolaï Prorokov, traduits en français et introduits par Olga Medvedkova.
Mais ce n’est pas pour la dernière fois,
qu’entre les arbres fourrant mon corps,
je tente
de revêtir la liberté
et en totalité
d’envisager ce que
n’osait
l’imagination hier.
Le verrou claque, si inquiétant,
l’appartement, en expirant, se scelle.
Descendre l’escalier – quelle absence d’ailes,
à pied, à pied. La sacoche à la main.
Avant d’ouvrir les yeux
sentir de tout son corps
le lit habituel
et le creux de la tête.
Encore glisser en rêve
en agrafant ses bords effilochés.
Un commentaire
Bravo pour cette incarnation.