Cet essai – qui est l’une des œuvres majeures de Toporov – entre dans la catégorie des « réhabilitations » de personnages littéraires honnis. À contre-courant des interprétations traditionnelles, Pluchkine, l’avare grotesque des Âmes mortes, apparaît comme le seul « être vivant » de toute la galerie de personnages rencontrés par l’escroc Tchitchikov au cours de ses pérégrinations à travers la Russie profonde. La déchéance de Pluchkine, son attachement maladif aux vieux objets usés, aux restes, aux résidus, sont vus non plus comme la dernière phase de la dégradation mais comme un vestige d’humanité, un reflet de l’amour du Créateur pour sa créature. Au travers d’une investigation minutieuse qui met en scène le dialogue du texte avec les strates profondes de la culture, l’aventure de la chose, placée dans une perspective historique et mythologique, rejoint l’aventure humaine.
Cet ouvrage a reçu le Prix Russophonie 2011 pour la traduction.