DOSSIER
Publié le 28 mars 2018

Maxime Gorki, né le 28 mars 1868

« Partout, je me sens un hérétique. »

Maxime Gorki est né il y a 150 ans à Nijni Novgorod, ville qui prit son nom de 1932 à 1991. Même si une pléiade lui est consacrée, on a l’impression qu’il demeure le plus méconnu des grands écrivains russes. Son nom fut grandement associé au régime soviétique, l’article Topographie et métonymie, que nous avons traduit avec l’autorisation du site Gorki Media – qui n’est pas un site consacré à Gorki mais une revue électronique russe sur la littérature – semble en apporter la flagrante preuve.
Certes, La Mère, le premier livre que j’ai lu à seize ans, ressemble à un long manifeste bolchevique. Michel Niqueux revient, dans sa préface à Une confession, sur cette réception de Gorki comme écrivain « officiel ». Il nous dit que la « répulsion » pour Gorki est « causée par l’étude obligatoire de quelques textes de Gorki, notamment La Mère, textes que l’on affadissait singulièrement en occultant la symbolique chrétienne qui les sous-tendait ; sans parler du discrédit jeté par la perestroïka sur le « Gorki stalinien » qui n’a pas manqué de rejaillir sur l’ensemble de son œuvre. »
Le mysticisme de Gorki qui se révèle au grand jour dans le livre Une confession ne plaisait pas – c’est une litote ! – aux bolcheviques qui écartèrent le roman des œuvres complètes. Gorki s’opposa souvent à Lénine dans les articles qu’il publiait dans ses revues. On est pratiquement certain qu’il fut assassiné sur ordre direct de Staline, par l’agent de la Tchekha chargé de le surveiller alors qu’il était assigné à résidence. Philippe Videlier dans son recueil Dernières nouvelles des bolcheviks écrit à la fin de La Chute du géant, p. 129 : « Ainsi finit-on par savoir ce que contenait de si redoutable le journal intime de Maxime Gorki. C’était une manière de fiction. Un quelconque scientifique avait supputé qu’agrandir une puce ordinaire un million de fois créerait le plus terrifiant monstre qui soit. Sous la plume confidentielle de Gorki l’écrivain officiel, cette puce gigantesque, engendrant une terreur mortelle, portait le nom de Staline. »
Knigi vous propose de découvrir ou de redécouvrir l’œuvre du grand écrivain à l’occasion de cet anniversaire. Il y a tant à apprendre sur le peuple russe dans ses romans, ses pièces de théâtre, ses récits. S’il fut jamais un écrivain officiel ce fut celui de la quête de l’universel, du bien universel, en dehors des sentiers battus.

Nous enrichirons ce dossier au cours de l’année.

Philippe Menestret