Publié le 1 mars 2018

Sarafan et kokochnik, symboles traditionnels du costume russe

Le costume russe traditionnel de la deuxième moitié du XIX siècle jusqu’au début du XXe varie de région en région, selon des traditions locales, le climat, la position géographique et les influences voisines. Il est caractérisé par l’utilisation d’étoffes de laine et de lin de couleurs très pittoresques et contrastées, mais le rouge y est dominant ainsi que des motifs et ornements ouzors (rus. узор), souvent répétitifs, typiques d’une région : fleurs, animaux, croix, divers formes géométriques.

Ce costume est principalement constitué d’une chemise blanche aux manches larges en lin, ornée de broderie noir et rouge sur les épaules et les poignets. Une jupe bordeaux en damassé appelée Poniova (rus понёва). C’est le détail du costume russe le plus ancien. A la fin de XIX siècle les jeunes filles la portaient en arrivant à l’âge adulte. Cela signifiait qu’elles pouvaient se marier. Et les femmes paysannes l’appelaient “pince éternelle” ou “servitude des femmes”. Un courte gilet en brocarts dorés complétait ce vêtement.

Le sarafane (rus cарафан) est une robe droite sans manche, portée par les femmes du nord et du centre de la Russie jusqu’au début du XXe siècle. Ce vêtement pouvait être coupé de différentes façons. Au début du XIXe siècle, le plus répandue est le sarafane évasé, coupé en biais et boutonné sur le devant. Il est constitué de trois panneaux, deux devant et un derrière. Vers le milieu du XIXe siècle apparaît le sarafane dite, « à la moscovite », ou «droit», constitué de plusieurs bandes de tissus cousues et froncées en haut. Les fronces sont bordées d’un ruban. De fines bretelles sont attachées à la poitrine et dans le dos.

 

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Collection de motifs de broderie

La ceinture en laine ou en soie, kouchak (rus кушак), orné par un motif floral ou géométrique était un élément obligatoire du costume et se portait à la taille, par dessus le sarafane.

Par dessus le sarafane on mettait souvent un tablier qui portait fréquemment le nom de zaveska (rus завеска). Il est cousu de lin avec différents ornements, souvent en stries transversales ou longitudinales portant des motifs brodés et colorés avec l’insertion de dentelle.

Les jeunes filles portaient le sarafane avec des coiffures ouvertes venets (rus венец ou венок), comme un bandeau ou une couronne, attachées devant au niveau du front, tandis que derrière, elles portaient des bandes de tissus satinées qui descendaient le long du dos entre les tresses.

Les femmes portaient kokochnik (kokoch – coq) et kika (kika – canard), respectivement une coiffure rigide en pointe ou arrondie et une coiffure «cornue». Elles étaient très différentes en terme de structure, forme et décorations, mais elle étaient toujours bien serrées autour de la tête et recouvraient les cheveux. La partie avant était souvent décorée de filets décoratifs, en perles ou en nacre. Les mêmes éléments décoraient les parties temporales.

Les kokochniks étaient fabriqués par des artisans spécialisés ou dans les monastères. Les matières utilisées étaient des tissus précieux, comme le brocard, le velours et la soie. On décorait abondamment avec de la passementerie, des perles, de la nacre, des pierres précieuses, des pièces métalliques incrustées de verre. Les broderies au fil d’or ou d’argent étaient aussi utilisées.

On portait ces coiffes avec un foulard, un châle, un voile en mousseline ou en soie (pour les plus riches). Les kosynkis, foulards légers en lin fin de couleurs claires, portées en été par dessus une ou deux tresses, essentiellement destinées aux jeunes filles.

A l’extérieur on portait des chaussures en cuir, et, à la belle saison, des laptis (rus лапти), chaussures de vannerie en écorce de tilleul, de bouleau ou d’orme. Elles étaient facile à fabriquer mais d’une durée de vie courte.

Les jeunes filles et les jeunes femmes, à l’occasion de toutes les fêtes, portaient toujours des bijoux. Boucles d’oreilles, colliers ou ozherelie en russe (vient de “zherlo” – gorge), bijoux de verre, de cristal ou d’ambre, de cornaline ou d’améthyste, des chaînes de bronze, d’ivoire ou d’argile, parfois agrémentées d’une croix.

Tous les éléments du costume traditionnel russe sont conçus afin de protéger contre les esprits malins, calomnies, le mauvais œil et tout autre péril ou bien avaient une signification symbolique en fonction de l’âge, le statut marital, la situation familiale etc., de la femme qui les portait. Les femmes portaient des amulettes en tous genres souvent avec des figures d’oiseaux, des pattes de grenouilles etc. Le rouge était considéré comme une couleur protectrice. Les nombres trois et sept étaient jugés comme portant chance. Ainsi, un peigne féminin à sept tiges, sept « dents », fait de bois, de cornes ou d’os, ciselé et décoré. Ce peigne non seulement protégeait mais aussi procurait abondance et chance. Ce détail du costume est souvent mentionné dans les contes russes.

Natalia Osina

Nous remercions vivement Sergei Glebouchkin de nous avoir permis d’utiliser à titre gracieux les photos de son site

Le site du créateur Sergei Glebouchkin (site en russe uniquement)

 

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