Publié le 14 avril 2018

Que nous avons-vous fait ?

« (…) Et que dire du journalisme [occidental] ? Pour celui-ci c’est comme si l’Europe orientale, les peuples salves, le peuple russe, bref cent millions d’Européens n’existaient pas, et il ne voit toute la Russie que dans les notes du Ministère des Affaires étrangères. On ne trouve pas la moindre pensée humaine vivante dans les longues colonnes des journaux et des gros volumes des revues, il n’y a que des lieux communs, rassemblés sur commande, pour de l’argent. Partout, c’est l’opium de l’encre, selon le mot du poète, dilué dans la salive d’un chien enragé. Ils n’ont qu’un mot : renvoyer la Russie à deux cents ans en arrière…
(…)
Que nous avons-vous fait ? Qui avons-nous offensé ? les Français ? Pour Moscou incendié, nous leur avons conservé Paris intact. les Anglais ? Pendant 300 ans, nous leur avons assuré un commerce avantageux, les avons nourris, chaussés avec notre cuir, habillés avec notre lin et notre chanvre […]
Et pas un seul des premiers écrivains européens n’a élevé sa voix au milieu de ce vacarme babylonien, n’a prononcé de parole ferme, impartiale, noble, intelligente, qui eût fait entendre raison à la foule, dissipé les ténèbres qui règnent à présent jusque dans les sanctuaires de la civilisation (…). Triste situation ! […]. »

Mikhaïl Pogodine, Que nous avons-vous fait ? (1854)
in L’Occident vu de Russie, Institut d’études slaves (voir ci-dessous)

 

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